Mardi 24 août 2021
Société de leucémie et lymphome du Canada
Globe Content Studio
Pendant que la COVID-19 se propageait dans le monde entier et que les pays se confinaient, le producteur de musique et interprète Chillaa a appris qu’il avait un cancer du sang. Son expérience du traitement et de l’isolement l’a durement éprouvé, pour finalement stimuler sa créativité.
Kamal Palmer a bien fêté son anniversaire cette année. Le producteur de musique et interprète de Toronto, connu sous le nom de Chillaa, a récemment célébré ses 28 ans avec sa famille et ses amis. L’un des points forts des festivités a été son « carosse » pour la fin de semaine : une Ferrari qu’un ami lui a prêtée.
Mais cet anniversaire était particulièrement spécial, car Chillaa célébrait également sa guérison du cancer depuis mars 2021, après avoir reçu un diagnostic de lymphome non hodgkinien (LNH) un an auparavant.
« Pouvoir m’asseoir à table avec ma famille et mes amis, et les voir me chanter “joyeux anniversaire”… c’était une bénédiction, dit Chillaa. L’année dernière, tout était incertain, non seulement avec la COVID-19, mais aussi avec le cancer. »
Pendant que nous nous adaptions tous à la vie en temps de pandémie, Chillaa a également dû faire face à un diagnostic dévastateur.
« Quand j’ai eu le cancer, j’ai tout fait pour repousser la COVID-19, se souvient-il. Je ne devais pas attraper la moindre maladie, pas même un rhume. Comme mon taux de globules blancs était faible à cause de la chimiothérapie, il aurait été difficile de combattre une maladie. »
La vie en confinement
Chillaa dit qu’il a fallu du temps pour obtenir son premier diagnostic, en partie à cause du confinement de 2020. En janvier de l’année dernière, il a ressenti une gêne à l’épaule et s’est rendu dans une clinique locale sans rendez-vous, qui a conclu à une élongation musculaire. Comme la douleur était toujours présente, il y est retourné quelques semaines plus tard pour un suivi. Mais à ce moment-là, le monde s’est arrêté et, comme beaucoup de gens, il ne voulait plus voir personne, pas même un médecin.
À l’été 2020, l’artiste s’est mis à éprouver des douleurs à la poitrine et il a pensé qu’il s’agissait peut-être d’une pneumonie. En août, il s’est évanoui pendant qu’il travaillait dans un studio d’enregistrement, et sa famille l’a conduit à l’hôpital.
Il a fallu d’autres analyses sanguines, des examens et la persistance de Chillaa pour procéder à une IRM d’urgence qui a révélé une tumeur de 12 par 17 cm au milieu de sa poitrine.
Selon la Société de leucémie et lymphome du Canada (SLLC), le seul organisme de santé bénévole qui se consacre à tous les cancers du sang, le LNH est un cancer des lymphocytes, un type de globules blancs que l’on trouve dans le système lymphatique. Un lymphocyte anormal se développe de façon incontrôlable et produit davantage de cellules comme lui, qui prennent la place des globules blancs normaux et forment des masses dans différentes parties du corps. Environ 8 000 nouveaux cas de lymphome non hodgkinien sont diagnostiqués chaque année au Canada.
Après son diagnostic, Chillaa a été immédiatement hospitalisé pendant deux semaines, au cours desquelles il a subi une chirurgie pour drainer le fluide autour de la masse qui mettait son corps à rude épreuve. « Comme mon sang ne pouvait pas circuler dans la partie supérieure de mon corps, explique-t-il, il a fallu commencer le traitement sur-le-champ. »
Les protocoles relatifs à la COVID-19 de l’hôpital limitaient les visites. Chillaa a eu droit à la visite d’une personne qui pouvait venir deux fois par semaine pendant une heure ou deux. Sa mère est venue la première semaine et son père, la semaine suivante. Ses autres amis et sa famille ne pouvaient le voir qu’à travers la fenêtre de l’hôpital.
Lorsqu’il a pu quitter l’hôpital, Chillaa est resté isolé chez ses parents et a suivi des traitements de chimiothérapie en consultation externe. Sa famille s’est appliquée à limiter les contacts extérieurs en travaillant à la maison.
Pour garder le stress à distance, il s’est interdit de se concentrer sur les aspects négatifs et a eu recours à des techniques de respiration et de méditation pour aider à guérir son corps de l’intérieur.
S’il n’a pas eu la vie facile pendant cette période d’isolement, Chillaa dit avoir eu l’impression que le monde entier vivait la même chose en raison de la pandémie. « D’août à mars, alors que je traversais toutes ces épreuves, il me semblait que tout le monde, dans une certaine mesure, était confiné avec moi », explique-t-il.
Peur et incertitude
Selon la Dre Lisa Hicks, hématologue spécialisée dans les tumeurs malignes à l’hôpital St. Michael de Toronto, l’isolement lié à la pandémie a fait des ravages chez de nombreux patients atteints d’un cancer du sang.
« Chaque personne a vécu la situation différemment, en fonction du stade où elle en était dans son [expérience] du cancer et du type de soutien dont elle avait besoin, dit-elle. Je comprends plus que jamais l’importance des membres de la famille et des proches aidants dans l’[expérience] du cancer. »
Depuis le début de la pandémie, la Dre Hicks affirme qu’il a fallu adapter les soins contre le cancer à des changements rapides et nécessaires, comme la restriction des visites, dans un contexte de grande incertitude.
« C’était un énorme défi pour nos patients et nos équipes, car nous n’avions aucune idée des conséquences de la COVID-19 pour nos patients, dit-elle. Nous redoutions que de nombreux patients atteints de cancer du sang soient infectés par la COVID-19 et que ses effets soient dévastateurs pour cette population. »
Bien que certains patients aient été touchés par la COVID-19, la Dre Hicks affirme que leur nombre n’a pas été aussi élevé que ce que l’on craignait au départ et elle salue la diligence dont ils ont fait preuve en portant le masque, en se lavant les mains et en respectant les consignes de distanciation physique.
« Les messages de la communauté des proches aidants et de la Société de leucémie et lymphome du Canada sur la nécessité d’être prudent ont été d’une grande aide », ajoute-t-elle.
La SLLC a réagi de façon active à la pandémie en lançant un Centre de ressources sur la COVID-19 afin de fournir des informations utiles dans un climat d’incertitude. Les personnes touchées par un cancer du sang continuent ainsi d’avoir accès à des centres de soutien, à des webdiffusions et à des nouvelles concernant les dernières recommandations relatives à la COVID-19.
Nadine Prévost, directrice principale des services à la communauté de la SLLC, affirme que la pandémie a accentué le sentiment d’isolement chez les personnes atteintes d’un cancer du sang.
« Nous avons noté une augmentation du nombre de demandes pour notre programme de soutien par les pairs, dit-elle. Nous avons aussi lancé un nouveau groupe de soutien et avons enregistré un nombre record d’inscriptions à notre série de webdiffusions. Dans tout le pays, les gens se sont tournés vers la SLLC plus que jamais, que ce soit pour entrer en contact avec d’autres personnes, pour obtenir des informations sur les cancers du sang et la COVID-19 ou pour obtenir du soutien. »
Un autre défi pendant la pandémie a été la mise en œuvre des consignes de distanciation physique nécessaires dans les cliniques et les services, sans pour autant compromettre les besoins des patients, comme l’explique la Dre Hicks.
« Beaucoup de nos patients avaient peur, ajoute-t-elle, et nous ne voulions pas qu’ils renoncent à nos soins. Nous sommes passés aux rendez-vous virtuels et téléphoniques et nous avons géré activement notre liste de patients en déterminant ceux qui devaient être vus en personne ou suivis par téléphone. En outre, nous avons essayé de limiter les visites aux urgences pour réduire leur charge. »
Bien que les soins virtuels ne soient pas toujours la solution idéale, la Dre Hicks pense que ce mode de communication sera maintenu après la pandémie, notamment pour les amis et la famille qui ne vivent pas près de leur proche et qui souhaitent lui offrir leur soutien.
« Lorsque les gens ne sont pas tous dans la même ville, explique-t-elle, cette option leur permet de s’exprimer et d’être présents, ce qui leur était impossible auparavant. »
Consciente que ses collègues médecins et elle avaient également besoin de moyens de communiquer et de partager des données en temps réel, la Dre Hicks a participé à la mise en œuvre du COVID-19 Registry for Hematology de l’ASH Research Collaborative (ASH RC), qui fournit des résumés d’observation visant à aider la communauté mondiale de l’hématologie à prendre des décisions éclairées et fondées sur des informations à jour. Elle a également contribué à deux évaluations systémiques propres à son domaine.
« J’ai constaté que mon implication dans des travaux cliniques et de recherche m’aidait à gérer le stress de l’inconnu », dit-elle.
Stimuler la créativité
Pour sa part, Chillaa a canalisé les hauts et les bas émotionnels et physiques qu’il a traversés au cours de la dernière année au profit de sa créativité et de son désir d’aider les autres. Il participe à des collectes de fonds pour la SLLC et il a mis des mots sur son expérience dans une nouvelle chanson intitulée « Cancer Freestyle ».
Chillaa dit que se plonger dans ce projet musical l’a aidé à guérir, tout en lui donnant une nouvelle perspective sur l’expérience des autres.
« Je peux m’identifier aux personnes qui ont connu la douleur et livré un combat mental, explique l’artiste. Je chéris chaque journée et me considère chanceux de pouvoir remonter le moral des gens et leur donner des conseils sur ce qui les attend. »
Pour aider les personnes atteintes d’un cancer du sang et leurs familles pendant la pandémie, la Société de leucémie et de lymphome du Canada (SLLC) a créé un Centre de ressources sur la COVID-19 qui contient les dernières nouvelles, des informations et des liens vers des programmes de soutien virtuel.