Jany Chauvat - L’image corporelle durant la maladie

L’annonce d’un diagnostic de cancer, quel qu’il soit, n’est jamais facile à accepter.

Une vague de questions, de préoccupations de tous ordres nous submergent.

Un aspect que le cancer et ses traitements peuvent générer et à laquelle nous ne pensons pas immédiatement, mais qui interviendra plus tard, c’est un changement de l’image corporelle plus ou moins temporaire, une perte de cheveux, une prise ou une perte de poids, une cicatrice visible et invisible...

Effectivement, l’effet des traitements sur notre corps aussi puissant qu’il puisse être pour combattre et éradiquer la maladie, a des effets physiologiques et psychologiques.

De mon point de vue, l’image corporelle et l’image de soi sont étroitement liées.

Je pense que comme dans l’annonce du diagnostic, il y a une phase d’acceptabilité de ce changement corporel. Prendre le temps d’accepter, c’est prendre le temps de faire ressortir toutes nos émotions ressenties dû aux changements et d’y faire face.

Au début de mes traitements, j’ai eu une perte de poids qui a fait en sorte que mes déplacements soient lents et douloureux, difficile pour un jeune homme de 27 ans en pleine condition physique qui du jour au lendemain se voit diminuer au jour le jour. La réalité de ce « nouveau moi » et des traitements m’ont vite rattrapé avec son lot de questions.

Quoi faire ? Comment gérer le regard des gens ? Suis-je bien dans ma peau ?

J’ai décidé d’y faire face à ma manière, et de vivre avec cette nouvelle réalité. Je n’ai pas hésité à tondre mes cheveux lorsque ceux-ci commençaient à tomber avec la chimiothérapie, ce qui a été la première étape pour accepter cette nouvelle image corporelle.

En tant que patient, on doit se concentrer sur ce que l’on peut contrôler. Facile à faire vous me direz ? Cependant, avec le temps et sans vous en rendre compte, à mesure que vous apprendrez à vivre avec eux et à les accepter, les changements feront partie de vos habitudes de vie. Prendre soin de soi, apprendre à se regarder et à s’aimer malgré la maladie. Certaines personnes se servent de ces changements comme des sources de motivations.

Ce que je conseille, c’est de parler de nos préoccupations avec l’équipe médicale, des proches, une personne de confiance, un survivant du cancer, un groupe de soutien. Rester actif peut aider à soulager et à mieux appréhender ce changement d’état.

À ce jour, mon image corporelle n’est en rien physique. Mes cheveux ont repoussé, j’ai perdu tout mon surplus de poids et même plus. Ma condition physique est au top. Elle est uniquement psychologique et je m’en sers comme force dans les moments difficiles. Même si aujourd’hui je ne suis plus en traitement, l’épreuve du cancer et des blessures physiques, psychologique qu’il m’a infligée, me sert à faire face aux aléas de la vie de tous les jours. On n’oublie jamais par là où nous sommes passés. Les blessures du passé sont les victoires du futur, un jour à la fois.