Harjeet Kaur
Edmonton AB
Canada
Ma vie a basculé le 28 août 2019. Lorsque j’ai reçu mon diagnostic de lymphome de stade 4, plus précisément un lymphome T sous-cutané de type panniculite (LTSCP), accompagné d’une lymphohistiocytose hémophagocytaire (LH), j’ai été confrontée à un véritable cauchemar, causé par une série de résultats non concluants, de la fièvre, de la frénésie et une profonde incrédulité.
Il s’agit d’un type de cancer agressif et rare, dont on ne recense que 150 cas dans le monde. Le diagnostic est tombé après un séjour d’environ trois mois à l’hôpital. On m’a dit de commencer la chimiothérapie le lendemain, car j’étais déjà très malade. Tout s’est passé très vite. J’avais des milliers de questions sur la chimiothérapie, la radiothérapie, la chirurgie et l’infertilité.
Je ne pouvais pas contrôler le cancer, mais je pouvais décider de la manière dont j’allais le combattre. J’avais peur. Je ne voulais pas quitter le monde ainsi. J’avais tellement de projets pour l’avenir : avoir des enfants, acheter ma propre maison et voyager aux quatre coins de la planète. Malgré mon état de faiblesse passager, je savais que je ne pouvais pas me permettre de perdre l’espoir ou la foi. Je devais me battre et vaincre le cancer.
J’ai dû subir six traitements de chimiothérapie, à raison d’une séance par mois. Je suis restée à l’hôpital jusqu’à la fin de deux traitements. La période la plus difficile pour moi a été celle où j’ai commencé à perdre mes cheveux, mes cils et mes sourcils. Perdre ses cheveux est terrifiant. Les changements physiques m’ont aussi affectée mentalement. Je savais que la route serait longue. J’allais subir des choses que je n’aurais jamais pu imaginer, j’allais avoir besoin de tout l’amour et du courage de ma famille et de mes amis.
Comme la chimiothérapie ne fonctionnait pas parfaitement et que je présentais toujours des symptômes de LH, on m’a dit que la meilleure option de traitement serait une greffe de cellules souches, une fois que je serais en rémission partielle.
Le cancer est loin d’être une source d’inspiration comme on le voit à la télévision ou dans les films. C’est un traumatisme. Vous vous regardez dans le miroir et sur de vieilles photos et vous ne vous reconnaissez plus. Votre corps ne vous appartient plus et vous n’avez aucune idée de ce qui s’y passe. Alors, soyez indulgent envers vous-même. Je pourrais parler longtemps des effets dévastateurs du diagnostic de mon cancer, mais ce que je retiens, c’est la façon dont j’ai continué à affronter mes peurs.
Le 14 avril 2020 marque ma renaissance. Je suis reconnaissante à mon frère de m’avoir fait don de ses cellules « magiques » et de m’avoir offert une deuxième chance de mener une vie normale. À la fois heureuse et très anxieuse, j’ai essayé de me concentrer sur les côtés positifs. Aujourd’hui, j’ai un an et demi! Il m’a fallu beaucoup de courage pour en arriver là. Les 100 premiers jours ont été décisifs, car mon corps pouvait rejeter la greffe et développer une maladie grave.
Ma greffe de cellules souches a eu lieu pendant la pandémie et j’ai dû rester isolée pendant 32 jours à l’hôpital, sans personne pour me prendre dans ses bras ou me tenir la main. J’ai suivi une chimiothérapie et une radiothérapie pendant sept jours et je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait : les complications possibles, le résultat de la greffe, ou encore la possibilité de retrouver ma vie ou de revoir ma famille.
Je suis une survivante, une battante, et j’ai appris que l’esprit humain est plus fort que tout face à l’adversité. Je commence enfin à mieux assimiler tout ce que j’ai vécu au cours des deux dernières années.
J’ai reçu les résultats de ma biopsie quelques jours avant l’anniversaire de mon diagnostic. Heureusement, il n’y avait AUCUNE trace de cancer. Je remercie toutes les personnes qui m’ont soutenue pendant ma greffe et mon rétablissement, notamment le personnel de l’hôpital et la communauté locale des cancers du sang.
Le chemin a été long pour en arriver là et, à certains moments, j’ai eu l’impression que ce jour ne viendrait jamais. Comme la COVID-19 continue de se propager dans le monde entier, je dois rester isolée. Je vais donc consacrer ce temps à mon rétablissement.
Voilà maintenant deux ans que j’ai reçu mon diagnostic de cancer. En repensant à ces deux dernières années, je suis reconnaissante du chemin parcouru et de la personne que je suis devenue. Prenez le temps de célébrer la vie. Ce qui ne tue pas rend plus fort! Je ne laisserai pas le cancer m’enlever mon esprit, mon sourire ou ma volonté de survivre. J’ai triomphé de la maladie parce que je ne la laisserai jamais gagner. Je suis en train de gagner la bataille et je profite pleinement de ma vie.
Le cancer fait partie de mon histoire, mais il ne me définit pas. C’est le début d’un nouveau chapitre de ma vie. J’espère qu’après cette étape, je serai en rémission ou débarrassée du cancer.
Harjeet Kaur